lundi 3 août 2015

Les Créateurs - Thomas Geha

Les Créateurs
Thomas Geha

Il était une fois rien du tout. Il était une fois six histoires où des hommes et des femmes se trouvent confrontés à des situations improbables, quoi qu’étrangement familières. Et si vous pouviez faire revivre un être disparu ? Et si votre rêve le plus fou pouvait se réaliser ? Et si votre vie était factice ? Et si l’amour n’était qu’un éternel recommencement ? Et si… Voulons-nous vraiment connaître le jardin secret des personnes que l’on aime ? Quel prix sommes-nous prêts à payer pour le découvrir ?
Toutes les vies animées au cœur de ces pages participent à la création d’univers originaux ou alternatifs, proches du nôtre ou éloignés, réalistes ou fantasmagoriques. Mais tous ces univers, tous ces personnages introduisent les mêmes questions essentielles: qui sommes-nous et d’où venons-nous ? Qui donc se cache derrière nos existences et nos destins ? Les nouvelles composant ce recueil ne tentent pas de répondre à ces questions, elles les explorent avec toujours la même ambition : découvrir qui nous sommes au travers de notre humanité.

Pour une fois, je traverse une période où j'ai assez peu envie de lire. J'ai donc hésité assez longtemps avant au final de me laisser séduire par Les Créateurs de Thomas Geha. Cet auteur ne m'ayant jamais déçu, il m'a paru parfait pour me redonner envie de lire.

Bien m'en a pris car ce recueil de nouvelles est tout bonnement excellent ! Je vous propose une critique succincte de chacun des textes. Je les ai notés de 1 à 5 étoiles. 1 étoile pour un texte que je n'ai pas aimé et 5 pour un chef-d'oeuvre que je relirai avec délice. 



La voix de monsieur Ambrose
L'auteur nous propose de suivre le destin d'un acteur de théâtre. Unanimement salué par les critiques, ce dernier voit son ascension stopper en raison d'une voix trop peu puissante avant de voir son destin basculer de façon peu ordinaire. 

« La vie est parfois comparable à un jeu d'escarpolette. Un moment on est en haut, un autre en bas et on n'est rien, mais on s'obstine à vouloir monter plus haut, quitte à tomber... »

Cette nouvelle est tout simplement envoûtante. J'ai dès les premières pages été  séduit par les décors de ce Paris du XIXème où se mêlent réel et imaginaire. On se délecte de chaque page, de ce mélange subtile de citations et d'action. Excellent !
Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)


Là-bas
Ce court texte se passe à Prague. On y suit un jeune couple en voyage romantique sur les bords de la Vltava jusqu'à ce que tout bascule.

« D'un pas lourd, je retourne à l'endroit où j'ai fait basculer son corps. Je reste rigide, immuable statue de pierre. Je ne comprends pas.
Une larme s'arrache de mon visage, et part se noyer, plus bas, dans la Vltava »

J'ai trouvé ce texte très beau et très mélancolique. Ce n'est pas tant le mythe du Golem que les personnages qui sont au centre de l'histoire. La détresse et le questionnement de Charles sont touchants, et le dénouement tristement romantique.  
Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)

Copeaux
On nous propose ici de rentrer dans la peau de Klervi, une jeune femme qui a perdu ses parents dans un accident de voiture. La nouvelle aborde le thème du deuil des êtres chers  et de la difficulté à le surmonter. Ce thème se retrouve dans plusieurs des textes de ce recueil.  

« Il était une fois rien du tout.
Du moins, j'ai toujours cru que ma présence sur cette terre n'avait aucune importance, que j'allais passer puis repartir , sans laisser de traces, sans avoir envie d'en laisser, quoi qu'il advienne. J'ai toujours su que je n'étais rien, et que rien je resterais parce que ma vie avait toujours été ainsi faite ;  »

Ce texte est comme les autres fort bien écrit. Dès les premières lignes (ci-dessus), on est intrigué. Une belle réussite.
Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)

Bris
On retrouve encore dans ce texte les thèmes de l'amour et de la mort, cette fois-ci mis en images dans un monde futuriste qui est pas sans rappeler "Blue" de Joel Houssin. Notre héros est en effet prisonnier d'une ville close. 
La nouvelle est plus noire et amère que les autres. On perd en mélancolie mais pas en intérêt. C'est percutant, souvent absurde et très réussi.
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Dans les Jardins
Retour dans le romantisme et la mélancolie avec une nouvelle dont le thème est de nouveau le deuil. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère mais j'ai un peu moins accroché à l'histoire en elle-même. Elle n'en reste pas moins plaisante à lire.
Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)

Sumus Vicinae
Pour clôturer ce recueil, nous avons droit à un exercice de style remarquable. Thomas Geha nous plonge en effet dans un monde où sa prose est "musicale".

« Il notait à verse.
Un sombre requiem. Les notes s'écrasaient avec tristesse sur le sol
et sans bruit sur mon imperméable noir. »

Rapidement l'exercice prend le pas sur l'histoire et l'on se surprend à observer ce curieux spectacle. C'est agréable mais on peut regretter que l'histoire n'arrive pas à prendre le dessus.
Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)Vieillir d'amour (Ayerdhal)

Pour conclure, ce recueil est d'un excellent niveau. Je vous le conseille très vivement. Il serait dommage de passer à côté.

Note : 8,5/10

3 commentaires:

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