Kenzaburô Ôé
Un adolescent fête ses dix-sept ans dans l'indifférence de sa famille en pleine décomposition.
Complexé, mal dans sa peau, incompris de ses parents, il est terriblement frustré.
Obnubilé par ses pulsions sexuelles, il s'est replié sur lui-même et toise ses camarades d'un regard méprisant. Il constitue une proie idéale pour les militants d'extrême-droite qui recrutent des jeunes pour donner la claque lors des meetings du parti de l'Action Impériale.
Inspirée de faits réels, cette nouvelle du grand maître de la littérature japonaise contemporaine (Prix Nobel de littérature 1994) nous plonge dans le mal-être du Japon des années soixante.
Nous sommes dans les années 60, et le Japon est resté traumatisé par la deuxième guerre mondiale. Les Etats-Unis dirigent encore la défense japonaise, ce qui rend le pays dépendant de son récent ennemi. On voit alors apparaître des groupuscules, de droite comme de gauche, qui cherchent à recruter de jeunes membres.
C'est dans ce contexte que nous allons suivre un jeune garçon de 17 ans. Son anniversaire oublié par sa famille sera la première goutte d'eau qui l’entraînera vers un groupuscule d'extrême-droite. En effet, mal dans sa peau, moqué par ses camarades et obnubilé par ses pulsions sexuelles qu'il juge dégradantes, il s'abandonne au désespoir et à la haine : « je suis un Seventeen pitoyable et laid ».
Au comble du désespoir après une nouvelle humiliation lors d'un cours de sport, il va assister par hasard à un meeting de l'extrême-droite et y trouver une exutoire. Il va retrouver, dans le discours haineux du leader de l’extrême-droite, sa profonde aversion de la société qui le rejette. Il oubliera alors ses complexes et ses peurs pour se cacher derrière son nouvel uniforme qui lui procure un exaltant sentiment de supériorité.
L'auteur a choisi de nous raconter cette histoire à la première personne, nous projetant dans la peau de ce jeune homme. On retrouve en lui bon nombre de complexes et de peurs qu'on a vécus à son age. Ceux-ci sont magnifiés par le contexte historique et familial, et nous suivons avec horreur sa descente aux enfers.
Ce livre nous montre les tourments du Japon des années 60 qui essaye de trouver sa voie entre tradition et modernisme. Il illustre bien la division qui s'opère au sein de cette génération de jeunes Japonais tiraillée par son histoire.
Le personnage torturé est très intéressant. On n'arrive pas à haïr ce jeune homme désespéré qui va se diriger vers les seules personnes qui l'écoutent et le mettent en valeur. Nous faire suivre son parcours nous permet de comprendre ses choix, aussi désastreux soient-ils. J'ai été captivé par cette histoire.
Kenzeburô Ôé, prix Nobel de littérature en 1994, nous livre dans ce roman un témoignage fort et émouvant qui permet de lever le voile sur une période de l'histoire du Japon peu connue en France.
Note : 8/10
J'avoue que celui-ci donne envie, même si le contexte semble assez noir. Je trouve que de façon générale les auteurs japonais décrivent comme personne les sentiments torturés. Je ne savais pas qu'il était inspiré de faits réels.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi. Les auteurs japonais sont très fort dans l'intensité des personnages dramatiques.
RépondreSupprimerJe me souviens encore des personnages d'Un cri d'amour au centre du monde... Faut que je le relise d’ailleurs ^^
Note de lecture ajoutée dans le challenge Dragon 2012.
RépondreSupprimerJamais lu cet auteur, je le note !
Merci ;-)
SupprimerJe vais essayer de l'acheter demain, ce thème m'intéresse : comment l'extrême droite peut fasciner autant. Il y a des explications sociologiques et psychologiques que je préfère découvrir dans les romans plutôt que dans les essais.
RépondreSupprimerC'est un roman marquant. Il fait réfléchir.
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