lundi 16 avril 2012

La lumière du détroit - Hitonari Tsuji

La lumière du détroit
Hitonari Tsuji
La lumière du détroit
Hitonari Tsuji

« La maison d'arrêt d'Hakodate était l'unique établissement pénitentiaire du japon proposant des cours d'entraînement naval. Cette année, dix détenus devaient bénéficier de cette formation, et je découvris parmi eux un de mes anciens camarades d'école. Je fus plus abasourdi encore par le fait que cet ancien condisciple n'était autre qu'Osamu Hanai... » 
Saitô, le narrateur, un des gardiens de la prison, apprend que le nouveau prisonnier a agressé et grièvement blessé au couteau un passant dans la rue, sans raison aucune. Il se souvient alors du petit garçon qui le terrorisait autrefois et avait fait de lui son souffre-douleur. Dix-huit ans se sont écoulés et Saitô, fasciné, va voir Hanai, pervers, manipulateur, imposer comme autrefois sa loi à tout son entourage. Mais Hanai l'a-t-il reconnu ou non? 
Un bref et implacable roman à la fin surprenante.

Il y a environ 2 mois, je discutais, par mails interposés, de littérature japonaise avec Nathalie. Entre deux partages de lectures, elle m’apprit que cette année le Japon serait à l'honneur du salon du livre de Paris. Un tour sur le site me montra vite que les dates du salon ne me permettraient pas de m'y rendre cette année. J'ai donc décidé de parcourir la bibliographie des invités et de retenir les 3 livres qui m'attiraient le plus. Mon choix s'est  porté sur "Alors Belka, tu n'aboies plus ?" de Furukawa Hideo, "Seventeen" de Kenzaburô Ôé et "La lumière du détroit" de Hitonari Tsuji. La lecture des 2 premiers m'a apporté une très belle découverte et une déception, j'attendais donc ce livre au tournant.

Ce livre entre également dans les challenges "Sur les pages du Japon" et "Dragon de feu" dont je vous conseille vivement la lecture des articles associés.

Il est temps maintenant de passer au livre à proprement parler.
Dans ce court roman, nous allons suivre Saitô, un des gardiens de la prison de Hakodate, et Hanai, un détenu de cette même prison. Les deux hommes se sont connus à l'école. Saitô n'a pas oublié cet enfant brillant qui faisait preuve d'une si grande cruauté envers lui. Cet enfant machiavélique savait admirablement manipuler ses camarades pour arriver à ses fins.
Ainsi quand Saitô voit arriver Hanai dans la maison d'arrêt, c'est toute son enfance et ses frustrations qui remontent à la surface. Il décide donc de surveiller Hanai afin de pouvoir révéler aux yeux de tous sa nature vile.
Mais cette surveillance obsessionnelle va l'entrainer peu à peu dans une remise en question de ses choix de vie.

Le livre est écrit à la première personne et nous plonge avec brio dans la peau de Saitô. On ne sait plus qui est le dominant et le dominé. On souffre avec lui dans un univers où il perd pied peu à peu. Alors qu'il est en position de force, il se retrouve apeuré comme l'enfant qu'il était autrefois. Ses frustrations sont de plus en plus fortes alors qu'il voit sont ennemi de toujours reproduire partiellement le schéma de leur enfance avec les détenus de la prison. Son métier, sa famille, sa vie, plus rien ne semble correspondre à ses attentes.
C'est poignant, c'est fort !

Un livre mélancolique et profond comme savent si bien le faire les auteurs japonais.

Note : 8/10




8 commentaires:

  1. Avec un résumé terriblement tentant et un avis aussi positif de ta part, ce livre ne peut que terminer dans ma wish-list :D

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    1. Je ne pense pas que tu seras déçue car j'ai passé un très bon moment.

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  2. hihi ! ça fait drôle de lire Nathalie, il n'y a que toi qui m'appelle comme ça ! ;-) En voilà un autre que je ne connais pas. Ce doit être prenant, un peu angoissant. Merci pour la découverte ! Je continue le challenge asiatique mais aussi un autre So british alors si tu veux on peut discuter de ce côté là aussi ! J'adoooore faire grandir la PAL des copains, gniark, gniark !

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    1. Je suis prêt à discuter Britsh. So Britsh, ca fait très So Doctor Who pour moi !

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  3. J'ai encore beaucoup de romans japonais dans ma PAL, je passe donc mon tour.

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    1. Ce sera un plaisir de découvrir aux travers de tes chroniques les romans japonais de ta PAL ;-)

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  4. Pour ce challenge j'ai lu un roman de cet auteur : le bouddha blanc.J'ai tellement aimé ce livre que j'ai emprunté à ma médiathèque "Dahlia" que je suis en train de lire et "la lumière du détroit" que je lirais ensuite. "Dahlia" est aussi un roman sur la relation "dominant dominé". Les auteurs japonais analysent avec beaucoup de talent la part sombre des êtres humains. J'aime beaucoup cette littérature malgré le fait que leur culture soit complètement différente de la notre. Et si pour certains livres je ne comprends pas vraiment certains faits cela ne me dérangent pas, c'est plutôt l'uniformisation de la culture qui me dérange et là cette littérature est très "typée" et c'est agréablement dépaysant.

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    1. Je suis d'accord avec toi Nina. Les auteurs Japonais explorent souvent la nature humaine. Cela rend leurs personnages d'une complexité extraordinaire et nous permet nous lecteur de nous poser de nombreuses questions. Vive le Japon ;-)

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